Serigne Mansour Sy Djamil assume: «Tous les marabouts font de la politique au Sénégal. Tous ceux qui critiquent les marabouts politiciens ont des marabouts qui font de la politique»

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Le 10 février dernier, Serigne Mansour Sy Djamil, présidant le Gamou organisé en la mémoire de son père Serigne Moustapha Sy, à Louga, avait provoqué la colère du gouverneur de ladite région, en faisant des révélations sur sa relation avec le Président Macky Sall. Ce clash, ayant alimenté les discussions des Sénégalais pendant des jours, a poussé le mara-politicien à clarifier la situation. Selon lui, tous les marabouts font de la politique, que ce soit officiel ou non.

C’est la première sortie publique de Serigne Mansour Sy Djamil, après le clash survenu le samedi 10 février dernier entre lui et le gouverneur de la région de Louga. Lors de la cérémonie officielle de la 58e édition du Gamou annuel de Feu Serigne Moustapha Sy Djamil, père de Mansour Sy, ce dernier s’était attaqué au régime de Macky Sall. Ce qui avait poussé le gouverneur à quitter les lieux, déclarant qu’il n’était pas venu pour assister à de la politique. Le tollé qu’avait provoqué cet incident a poussé le leader de Bës Du Ñakk à clarifier la situation.

«Tous les marabouts font de la politique»

Serigne Mansour Sy Djamil assume son statut de «marabout-politicien» et apporte des précisions. «C’est la première fois que je réécoute mes interventions lors des cérémonies, à cause du tollé qu’avaient provoqué mes positions lors du dernier Gamou de mon vénéré père, à Louga», a déclaré d’emblée le marabout, à l’occasion d’un autre Gamou. A l’en croire, «on pourra toujours se raconter ce que l’on veut, mais tous les marabouts font de la politique au Sénégal. Tous ceux qui critiquent les marabouts politiciens ont des marabouts qui font de la politique. Moi, j’ai été élevé dans une famille où chacun assumait ses choix politiques. Déjà, au temps de Serigne Babacar Sy, ceux qui militaient pour Senghor utilisaient un fil vert pour confectionner leur chapelet et ceux qui étaient avec Lamine Guèye faisaient pareil avec du fil rouge. Donc la politique a toujours fait partie de la sphère des familles religieuses», révèle Mansour Sy Djamil.

«Je veux accéder au pouvoir, je ne me cache guère, c’est ma conviction et je l’assume»

Sur le même registre, il assène : les réceptions officielles qui se tiennent dans les villes religieuses, si ce n’est de la politique, que l’on me dise ce que c’est réellement. Tivaouane en fait, Touba pareillement, chaque année. A chaque fois que je fais une sortie, ils sautent sur l’occasion pour mettre le débat sur le tapis, alors que leurs propres marabouts font de la politique, même si ce n’est pas très officiel. Je ne vois aucun mal à ce qu’un marabout fasse de la politique, parce que les versets qui parlent de la politique dans le Coran sont plus nombreux que ceux qui parlent de la prière, du jeûne».

«Je respecte la Constitution mais je n’y crois pas, il y a nuance»

Pour lui, il assume la raison pour laquelle il a créé un parti politique. «Je n’ai pas besoin de profiter des Gamou pour faire passer mes messages. J’ai mis en place une structure politique digne de ce nom et qui se réunit régulièrement, dans le but d’accéder au pouvoir. Je ne me cache guère, je me bats, c’est ma conviction et je l’assume», assure-t-il, avant d’enchainer : «ils veulent déformer mes propos en disant que je ne respecte pas la Constitution. La Constitution, je la respecte, même si je n’y crois pas, et il y a nuance. Mandela ne croyait pas à la Constitution, s’il avait cru à la Constitution de l’apartheid, il n’y aurait jamais eu de changement. Nous aussi, nous ne croyons pas à la Constitution coloniale, raison pour laquelle nous nous battons contre cela, depuis notre tendre enfance. Je ne crois pas à une loi qui permet de voler les élections et vous tous vous savez ce qui se trame. Macky Sall a beaucoup de pouvoirs, mais il ne pourra jamais changer ses origines, de la même façon qu’il ne pourra jamais me retirer les miennes, je resterai le petit-fils de El Hadji Malick Sy», note le leader de Bës Du Ñakk.

«J’ai de l’estime pour des gens qui ne partagent pas les mêmes convictions politiques»

Selon lui, chacun est libre de choisir son leader politique, que ce soit Macky, Niasse ou quelqu’un d’autre. «La façon dont Serigne Moustapha Sy (son père) nous a élevés nous a permis d’accepter le choix de tout un chacun en politique. Avant que je ne crée mon parti, je m’accompagnais toujours de mon frère pour aller voter, mais personne se s’occupait du choix de l’autre», dit-il. Et de poursuivre : «je revendique d’avoir de l’estime pour des gens qui ne partagent pas les mêmes convictions politiques. J’ai des amis avec qui j’ai grandi et qui n’ont toujours pas rejoint mon parti et cela ne change en rien nos relations, cela offusque même certains de nos proches, mais moi je pense qu’il n’y a vraiment pas de quoi fouetter un chat. Je ne forcerai personne à rejoindre mes idéologies, mais j’ai le droit de convaincre tout le monde pour avoir leur vote. Et pourtant, il est très clair que ne pas voter pour moi ne vous ôterait point votre statut de talibé de Serigne Moustapha, encore moins vous bannirait de la Tarikha Cheikh». Selon Serigne Mansour Djamil, ses militants ne comptent pas que des Tidjanes, il y a les Mourides et même les catholiques.

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