Terrorisme – Sur les traces de “frère” Moussa Coulibaly

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Condamné la semaine dernière à 30 ans de prison par la Cour d’assises de Paris, le Franco-sénégalais Moussa Coulibaly a séjourné pendant six mois à Bakel et devait même se fiancer avec Marième T. qui habite Gounia. Son séjour à Bakel a fortement intéressé les juges français qui avaient envoyé une commission rogatoire au Sénégal selon les informations publiées dans Libération quotidien dans son édition de ce 16 décembre 2019.

Comme nous le révélions, le Franco-sénégalais Moussa Coulibaly a été condamné, jeudi dernier, à 30 ans de réclusion criminelle pour terrorisme. Libération a obtenu copie du dossier et on y apprend que les magistrats français avaient adressé une commission rogatoire au Sénégal pour percer le mystère qui entoure le séjour de Moussa Coulibaly à Bakel ainsi que son projet de mariage. Les révélations contenues dans la commission rogatoire font froid dans le dos et témoignent du degré de radicalisation de Coulibaly.

En effet, le 3 février 2015 Moussa Coulibaly attaquait à l’arme blanche trois militaires en mission de sécurisation dans le cadre du plan Vigipirate, en plein centre de Nice. Deux des trois soldats étaient blessés au visage mais le mis en cause présumé était rapidement maîtrisé. Il était porteur d’un second couteau dissimulé dans l’une de ses chaussettes. Tout a long de sa garde à vue et lors de son premier interrogatoire au fond, il refusait de s’expliquer sur son acte. Lors d’une de ses auditions, il balance aux policiers : «Vous les mécréants, vous avez déclaré la guerre à Allah et à son Prophète (Psl) alors moi aussi je vous déclare la guerre. Vous faites couler le sang des musulmans parce qu’ils veulent être jugés par la loi du Tout-Puissant et vous complotez contre les musulmans partout dans le monde. Je m’oppose à vous et à ce que vous adorez en dehors du Seigneur. Sachez que des comme moi il y’en a des millions. Sachez que vous n’êtes pas en sécurité. Vous serez humilié devant l’islam. Vous irez voir le Calife de l’islam pour payer la Djazia. Les policiers, les militaires, les Juifs, vous ne serez jamais en sécurité. Votre dieu François Hollande (ndlr, il était en ce moment Président) ira payer à Dieu la Djazia en toute humilité. Vous complotez partout dans le monde contre les musulmans notamment en Palestine. Nous vous désavouons ».

Pire, lors de son premier interrogatoire devant le juge d’instruction, Moussa Coulibaly, interpellé sur son acte, s’en prend violemment au magistrat : «Je n’ai rien à te dire sale porc ! Tu vas suer en enfer espèce d’antichrist ! J’ai rien à te dire . Je ne sais pas pourquoi tu me fais venir ici. Je n’ai rien à te dire”.

“Je n’ai rien à te dire sale porc”.

N’empêche, l’enquête française a permis de retracer le parcours de Coulibaly dans les jours précédents son passage à l’acte, dont la connotation terroriste ne fait l’objet d’aucun doute. Il demeurait à cette époque chez sa mère, Aminata D. de nationalité sénégalaise, à Mantes La Jolie. Il quittait le domicile familial sans prévenir dans la nuit du 24 au 25 janvier 2015 et se rendait à Nice. Il n’y passera qu’une nuit pour rejoindre dés le 27 janvier 2015 la Corse. Il prenait alors un billet d’avion aller-retour pour la Turquie, initialement avec une date de retour au 11 février 2015 puis finalement avec un billet retour en date du 21 février 2015. Il arrivait en Turquie le 29 janvier 2015 mais était immédiatement refoulé vers la France et plus précisément à Nice. Il y reste du 29 janvier 2015 au 3 février 2014, date à laquelle il agressait les trois militaires, en pleine rue, vers les coups de 14 heures.

Son entourage familial, en particulièrement sa mère, Aminata D. et certaines de ses sœurs, étaient entendues rapidement. Elles décrivaient une radicalisation de Moussa Coulibaly, aîné de la fratrie à partir de 2013. Il était subitement devenu intolérant, dominateur et même violent. Sa mère expliquait qu’il avait passé 6 mois au Sénégal en 2012 à l’occasion de son déplacement à Bakel pour accompagner le cercueil de son père, décédé le 13 avril 2012. Il était rentré en France «bizarre » même s’il devait se fiancer au Sénégal, le 10 février 2015 à Gounia (une quinzaine de kilomètres de Bakel) avec la nommée Marième T., âgée d’une vingtaine d’année.

Ce n’est qu’en début 2017 que Coulibaly a accepté de répondre aux questions des juges. Il confirmait ce projet de mariage qui devait se tenir à la date indiquée à Gounia. Cependant, les magistrats notaient qu’il n’avait acheté aucun billet pour être présent à Gounia le 10 février 2015 et les dates prévues pour son retour de Turquie étaient postérieures à cet événement. Il apparaissait en conséquence que son projet initial pouvait être, même s’il le contestait, d’avoir voulu rejoindre l’Etat islamique en Syrie, pour un aller-retour, et que n’ayant pas pu le concrétiser, il s’était rabattu sur un acte terroriste en France.

Aussi, les magistrats français indiquaient dans leur commission rogatoire qu’il importait de vérifier quel a été le vrai parcours de Moussa Coulibaly au Sénégal, comment il était perçu par son entourage, comment il a vécu à Bakel et s’il a vraiment fréquenté Marième T. Les juges français demandaient aussi au Sénégal de vérifier toutes les entrées et sortie du territoire de Moussa Coulibaly ainsi que l’audition, es qualité de témoin, du frère de son père, A., qui l’avait hébergé dans la maison familiale, à Gounia, lors de son séjour au Sénégal.
LIBERATION

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