VALIDATION SUPPOSÉE DE LA SAISIE DE L’ETAT SUR UN COMPTE DE KARIM WADE: Ses avocats dénoncent «un mensonge d’Etat» et une «manipulation de l’opinion»

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C’est faux ! Le tribunal de Monaco n’a pas validé ou autorisé la saisie-arrêt effectuée par l’Etat du Sénégal sur le compte de Karim Wade. C’est la réplique des avocats de l’ancien ministre de l’Energie, qui soulignent que l’Etat a plutôt essuyé un revers, car le tribunal subordonne la validation de la procédure de saisie à la reconnaissance du jugement de la Crei par la Principauté de Monaco ; ce qui n’est pas le cas. Dès lors, Me Seydou Diagne et Cie, qui se sont fendus d’un communiqué au vitriol, crient au mensonge d’Etat et à la manipulation de l’opinion. Une opinion à qui, selon les avocats, l’Etat doit des explications sur la dissimulation, la soustraction et le recel d’un document qui aurait pu innocenter Karim Wade lors de son jugement par la Crei.

L’information livrée par «Le Soleil» et «Libération» selon laquelle Karim Wade et Cie ont perdu leur bataille judiciaire contre l’Etat à Monaco a irrité plus d’un avocat de l’ancien ministre. Pour les avocats de Karim Wade, cette énième annonce de victoire est sortie de l’imagination fertile de l’Etat et n’a rien à voir avec les termes du jugement auquel on a fait allusion. «L’Etat du Sénégal, comme à son habitude, a fait croire que Karim Wade et Cie ont perdu à Monaco. Ce mensonge d’Etat ne reflète pas les termes du jugement rendu par le tribunal de Monaco, le 25 janvier 2018», soulignent Me Seydou Diagne et Cie. Et ces derniers d’apporter «leur lumière» sur ce fameux jugement que l’Etat aurait travesti à son avantage. «En vérité, le jugement rendu par le tribunal de Monaco a ordonné la mainlevée immédiate de la saisie-arrêt effectuée par l’État sur le compte de Karim Wade», affirment les avocats. Qui ajoutent : «l’information à laquelle l’Etat du Sénégal fait référence est relative à une procédure de validation de ses saisies qu’il a initiée auprès de la justice monégasque». Une procédure pour laquelle il n’a pas obtenu gain de cause, car le jugement de la Crei qui est à la base de cette demande de saisie n’est pas reconnu par la Principauté de Monaco. «En réponse à cette requête, le tribunal de Monaco n’a pas accepté la validation de la saisie-arrêt pratiquée par l’Etat du Sénégal. Le juge a prononcé le sursis à statuer et a subordonné la validation de la saisie bancaire à la reconnaissance dans la Principauté de Monaco du jugement de la Crei (ce qui a déjà été refusé par la France)», expliquent les défenseurs de Karim Wade. Par conséquent, poursuivent-ils, c’est plutôt «un revers  judiciaire incontestable» que l’Etat du Sénégal a essuyé, car il «n’a pas obtenu la validation des saisies qu’il sollicitait de la Principauté de Monaco».

«Le Tribunal de Monaco n’a fait que constater les errements de l’Etat du Sénégal»

Avec un brin d’ironie, les avocats de Karim Wade soulignent que loin de bénir la procédure enclenchée par l’Etat, «le Tribunal de Monaco, même si, par ailleurs, il a déclaré cette saisie-arrêt recevable, n’a fait que constater les errements de l’Etat du Sénégal». Mieux, la défense de Karim Wade rit sous cape, et pour cause. «Cette action ayant été déclenchée dans une banque où Karim Wade n’a aucun compte, elle est donc sans objet». Pour Me Diagne et ses collègues, en livrant une telle information, l’Etat démontre sa volonté de poursuivre dans la duperie pour se donner bonne conscience dans cette traque des biens supposés mal acquis qui s’est enlisée. «Encore une fois, le gouvernement du Sénégal continue de tromper et de manipuler l’opinion publique en ce qu’il avait affirmé, début janvier, avoir récupéré 8 milliards de F Cfa à Monaco dans le cadre de la traque des biens mal acquis». Pour eux, «ce jugement du 25 janvier montre bien que la procédure est en cours et que les demandes de l’Etat n’ont pas abouti».

L’Etat accusé de «soustraction» et de «recel» d’un document 

Au lieu de divertir et de détourner l’attention de l’opinion, les avocats trouvent que «l’Etat du Sénégal ferait mieux de se prononcer sur les informations extrêmement graves révélées par le journal Walfadjri dans son édition du 31 janvier 2018, qui mettent en lumière des éléments nouveaux et scandaleux dans le procès Karim Wade». Il s’agit, pour eux, de l’intervention d’un magistrat étranger dans une procédure judiciaire relevant exclusivement des tribunaux sénégalais sans aucune autorisation ; la dissimulation, la soustraction et le recel d’un document essentiel dans une procédure judiciaire par le chef de l’Etat Macky Sall, Président du Conseil supérieur de la magistrature, ses différents ministres de la justice et les magistrats de la Crei. Ce second élément est d’autant plus scandaleux, pour les défenseurs du fils du Président Wade, que le document en question «aurait fondamentalement changé le cours du procès et aurait prouvé l’innocence» de Karim Wade. Dès lors, ils affirment que Macky Sall, président du Conseil supérieur de la magistrature, «a le devoir d’éclairer immédiatement l’opinion nationale et internationale sur cette nouvelle affaire». Une affaire qui, pour les avocats de «l’exilé» de Doha, est la preuve tangible de «l’instrumentalisation de la justice sénégalaise pour écarter le candidat Karim Wade de l’élection présidentielle de 2019».

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